Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

Le 25 novembre 2013 fera certainement date en République centrafricaine. Sous l’impulsion de l’Ambassadeur de France qui a souhaité valoriser les actions des associations de femmes à Bangui, un forum des femmes de Centrafrique pour la francophonie (FFCF) a été créé en mars 2013. Il a déployé son activité depuis lors jusqu’à se mobiliser pour organiser une journée mémorable pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, suivant ainsi le mot d’ordre lancé par les Nations Unies.

La préparation a été longue et minutieuse, nécessitant de nombreuses réunions et l’accompagnement des femmes par l’ambassade. Pour donner à cette journée l’éclat particulier qu’elle mérite dans le contexte de violence actuel, les femmes du FFCF avaient décidé de mobiliser la population de Bangui à travers les médias et une caravane de sensibilisation en amont de la manifestation. Ces opérations ont porté leur fruit car les femmes se sont retrouvées nombreuses, plus d’un millier, sur le parvis de l’Assemblée nationale, bâillonnées en signe de protestation et portant un tee-shirt offert par l’ambassade qui avait financé l’opération. L’ambassade n’est d’ailleurs pas restée inactive car ce même jour l’épouse de l’ambassadeur, accompagnée de l’attachée de coopération éducative et de deux épouses de Français ont distribué des tee-shirts aux femmes de l’ambassade, du lycée français, de l’Institut Pasteur et de l’Alliance française.

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L’objectif des femmes du FFCF, était de remettre officiellement un mémorandum au Premier ministre, rappelant les nombreuses violences dont les femmes sont victimes dans ce pays, les textes de loi qui existent pour protéger les femmes et demander leur application effective. Rassemblées et muettes, elles ont attendu des heures au soleil que les autorités veuillent bien tout d’abord déplacer une ancienne ministre des Affaires sociales qui a cherché à démobiliser les femmes avant que finalement, lasses d’attendre elles aient décidé de déposer le mémorandum sur la statue du père fondateur de la République centrafricaine, Barthélémy BOGANDA et d’entonner l’hymne national. Une personne s’est fortement démarquée lors de la préparation et de la mise en œuvre de cette journée, le point focal du forum : Mme Anne-Marie GOUMBA, qui a eu l’audace de rappeler au chef de l’Etat qui n’a eu d’autre choix que de se déplacer, qu’en tant qu’homme issu d’une femme, il ne pouvait ignorer les femmes et leurs demandes. Il s’est donc présenté peu de temps après, avec une escorte nombreuse et lourdement armée, devant les femmes regroupées et muettes, a pris la parole pour leur demander pardon et les a invitées à le rejoindre au Palais présidentiel.

La forte implication de toutes les femmes, sans distinction d’origine, de niveau social ou de religion, a montré ses limites lors de cette proposition car un certain nombre d’entre elles s’est rendu au Palais présidentiel malgré le mot d’ordre initial, où elles ont reçu la somme de 3 Millions de F CFA des mains du chef de l’Etat ainsi que deux bœufs. La somme a été partagée à l’Assemblée nationale et les bœufs dépecés sur place !

On peut regretter la non-prise en compte ou la non compréhension par les autorités locales, y compris lorsqu’elles sont dirigées par des femmes, du message que les femmes de Bangui et de la périphérie ont cherché à délivrer mais force est de constater que la mobilisation de ces femmes était inédite. Elles ont réussi à faire se déplacer le chef de l’Etat par deux fois, une première fois lors de la sensibilisation dans les quartiers de Bangui alors que les femmes qui se trouvaient sur la caravane ont été prises à partie par des hommes de la Séléka, menacées et arrêtées. Le chef de l’Etat s’est finalement déplacé pour les libérer. Qu’il se déplace une nouvelle fois était inespéré car seul le Premier ministre était attendu : le résultat est donc de taille.

Dernière modification : 09/12/2013

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